Impossible de ne pas penser, ne serait-ce qu’une demie seconde, que c’est à nous qu’elles font du gringue, ces aguicheuses d’abribus, ces dérobeuses de coups d’œil qui se disputent notre regard à chaque coin de boulevard.
Impossible dès lors de ne pas vivre aussi en douce quelques moments d’égarement dans ce monde affiché qu’on nous impose, chaque jour, avec tacite reconduction.
Elles sont deux, les jeunes femmes qui se partagent tous mes égards en ce moment. Une blonde, une brune, pas de jalouse – c’est que ça se bat rageusement pour quelques minutes de votre attention ces petites choses-là – toutes deux s’exhibant avec négligence à tous les coins de rue car elles sont décidément bien obstinées les charmeuses des kiosques à journaux.
Extérieur Jour. La blonde. Elle s’appelle Lily Donaldson et c’est Mondino qui met en scène. Lily, oui, Lily justement, fraîche comme un brin de muguet un matin de printemps. C’est une fée Clochette de vingt saisons que l’on surprend, mutine, les pieds nus dans l’herbe – d’où revient-elle ? – doucement enveloppée d’une légère robe rose dragée qui frissonne sous le vent frais de ce petit matin. On est dans un parc civilisé, le gazon – anglais par nécessité – est rasé de près, une vieille Rolls ivoire – anglaise par passion – attend de faire grincer ses larges roues sur le gravier. Au fond, un pavillon XVIIIème fut sans doute le théâtre d’un soir. Elle nous donne à voir ses épaules découvertes et ses longues jambes dorées, en gage de bonne volonté. Pourtant, elle est un peu fatiguée, se penche en avant, c’est qu’elle n’a pas beaucoup dormi. C’est à ce moment-là que le désir nous vient. On aimerait l’avoir aimée.
Intérieur nuit. La brune. Ce pourrait être un polaroïd pris à la sauvette dans une chambre d’hôtel à la déco version sixties revival, tout droit sortie d’un film de David Lynch. On serait un peu ivres, le rire trop fort, étourdis, le badinage au bord du n’importe quoi.
Elle a les yeux charbonneux, des jambes aux bas noirs de Moulin-Rouge, le Rouge, le Noir, et c’est Stendhal qui débarque sur le canapé à motifs – J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes et les sentiments passionnés. J'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. Comme nous, il aurait succombé à l’attrape-cœur de ses escarpins noirs qui vrillent les sens, de ce corps offert en toute innocence. Elle, c’est l’insolence, la certitude tranquille de son emprise, la main-mise sur nos désirs. On aimerait qu’elle nous ait aimé.
Mais je ne peux m’empêcher de songer que ces deux chimères n’en font qu’une. Les deux facettes d’une même femme idéale faite de liberté, d’impertinence, de légèreté et de joie de vivre, dans toutes les circonstances, tous les milieux, tous les décors, toutes deux issues de ce monde imaginaire que nous portons tous en nous et où l’on se plaît à divaguer.
Juste pour la beauté du geste.
ba moi je préfère la blonde
Rédigé par : Sandra Parker | 12 février 2007 à 23:04
tu sais quoi ? je n'en aime aucune des deux.
Pourquoi ?
La première je trouve que c'est vieillot, du "déjà-vu",
la seconde, trop maigre.
Et je jure que mon avis est objectif, je sais que je suis une fille, mais je trouve qu'il y a bien mieux ;)
mais ce n'est que mon avis ;))
Rédigé par : poutchi | 27 février 2007 à 13:32
Poutchi > T'es difficile là ! Si Paris n'était peuplé que de filles aussi jolies, ce serait le paradis sur terre... Mais les goûts et les couleurs, comme on dit...
Rédigé par : Thierry | 27 février 2007 à 15:13
je n'ai pas dit qu'elles n'étaient pas belles ;)))
je serais bien présomptueuse sur ce coup là ;)))
mais tu ne penses pas que la 1ere pub fait un peu cliché ?
et la seconde tu ne la trouves pas trop maigre, sincèrement ??
Rédigé par : poutchi | 27 février 2007 à 15:50
Poutchi > Désolé mais pour la première, effectivement elle fait "classique", ce qui n'est pas cliché (si tu vois ce que je veux dire) et j'aime ça. Pour la seconde j'abonde.
Rédigé par : Thierry | 28 février 2007 à 10:43
vas pour la première alors ! ;))
c'est quand celle que je préfère des deux ;))
bonne journée à toi !
Rédigé par : Poutchi | 28 février 2007 à 11:19
Magnifique ce message... C'est dans ces moments là que je me dis que
- c'est super de se balader aux hasards des blogs et d'avoir un coup de coeurs pour une écriture qui nous transporte...
- ce message est troublant dans le sens où il dévoile tant de choses, il est si personnel et en même temps à la vue de tous ! Généreusement offertes, les pensées d'un inconnu envahissent notre écran et nous transporte dans un autre univers...
Un vrai délice!
Rédigé par : Erika | 19 mars 2007 à 03:34
Erika > Bienvenue et merci. Le trouble, c'est effectivement délicieux.
Rédigé par : Thierry | 20 mars 2007 à 11:19