Du tout frais, pimpant et rutilant, une table de quartier revue et corrigée, en plein 7ème plus bourgeois que bohème, ça vous dit ? Ça s’appelle la Laiterie Sainte Clotilde (ne me demandez pas pourquoi) et les tables et chaises en formica y ont fait leur rentrée des classes début septembre.
On ne devrait jamais écrire sur les restaurants dans la foulée d’une visite, l’émotion encore en bouche et les sentiments les pieds plantés dans l’immédiateté. On devrait toujours laisser le temps tamiser les opinions. Mais voilà, quand, dans une rentrée plutôt morose, on dégotte une adresse qui vaut quelques kilomètres, on veut publier les bans le plus vite possible. Avec les risques inhérents. Et assumés.
Voilà donc une jolie petite table aux airs de cantine proprette, tables carrées sans nappe, chaises dépareillées back from the seventies, peinture mate britannique et ardoises pour seuls menus. Une ambiance très bobo sage, sauf qu’on longe ici la rue de Bellechasse et que le quartier préfère depuis toujours le Margaux au Côtes du Rhône, fut-il Gramenon (pourtant à la carte, 5 € le verre). Comme une enclave de la Rive Droite au cœur de la Gauche (de Rive)…
La carte, aussi courte que la cuisine est petite, 4 m2 à tout casser, change tout le temps. Ce jour-là sous ma fourchette une « Fricassée de pleurotes et œuf poché », un « Filet mignon de porc à la sauge et à la rhubarbe » et une « Tarte aux figues ». On sent la saison, l’été qui finit dans le dessert très bien balancé avec ses figues douces à la chair craquante, l’automne qui se profile au détour de champignons croquants, bien ajustés et la tête haute. Entre les deux, la demi-saison, de l’idée (rhubarbe et sauge), une cuisson du filet mignon prédécoupé aux petits oignons, une purée maison aux morceaux légitimes, suave et parfumée. De la patate en goguette, carrée et directe. Peut-être un léger déséquilibre dans ce plat avec une acidité de la rhubarbe qui charrie trop sa puissance et balance la sauge dans le bas-côté. Mais bon, pas de quoi fouetter un chat. Des assiettes nettes, sans bavure et sans un poil de gras inutile (Mesdames). C’est simple, judicieusement assemblé et quelques semaines de rodage devraient corriger les erreurs de trajectoire.
Ah ! J’oubliais presque l’essentiel. Que demande-t-on à une table de quartier avant tout ? De vous noyer dans le confort, la chaleur et les charentaises sentimentales. De s’y sentir bien et d’en savourer la générosité à chaque bouchée. Comptez alors sur un service en salle volontaire et chaleureux comme un manège de fête foraine, tout empli de gentillesse et de sollicitude non feinte. C’est d’ailleurs peut-être le meilleur atout qui soit.
Retenez donc ce nom, la Laiterie Sainte Clotilde, c’est une des réussites de cette rentrée et ça ne m’étonnerait pas qu’on en reparle ailleurs. Bientôt.
Laiterie Sainte Clotilde
64, rue de Bellechasse
75007 Paris
Téléphone : 01 45 51 74 61
Fermé le Dimanche
Le midi, menus à 20 € et 24 €
Le soir, à la carte
Plus de photos de La Laiterie Sainte Clotilde, ici.
Je crois que rien que le nom m'a convaincue!
Rédigé par : Sasha la pin-up | 26 septembre 2008 à 11:32
Le titre-contenu-image rassemble dans cette article ADN de ta presse Thierry Richard, ce jus poéthique de mots alignés comme un joueur de dominos dont l'essence en fait à son point un extrait de jus de ce tout-opposé : La rencontre. C'est fabuleux, reçois mes plus amples félicitations pour ce spectacle auquel je viens d'assister.
Rédigé par : Sand | 26 septembre 2008 à 12:44
Vu le nom, une visite s'impose. Si je montre une pièce d'identité, il m'offriront peut-être un café ?
Rédigé par : clotilde | 27 septembre 2008 à 16:42
publier les bans. sans C. merci
Rédigé par : jp | 27 septembre 2008 à 18:09
Juste un petit coucou pour te souhaiter une bonne soirée et un bon dimanche! A lundi.
Rédigé par : Sand | 27 septembre 2008 à 19:52
C'est super bien écrit pour que ca donne envie d'y aller ; c'est tout aussi bien que BFM Radio ; j'ai noté l'adresse, la prochaine fois que je viens à Paris j'y vais.
Et puis tu as bien déjeuné pour pas cher dans ce restaurant parisien, il t'a suffit de prendre quelques photos et de dire que tu es journaliste !
Tu es formidable.
Rédigé par : Jean | 29 septembre 2008 à 23:48
Sasha > C'est vrai que cela sonne bien...
Sand > Tout est toujours affaire de rencontre !
Clotilde > Tu peux toujours essayer. Mais le mieux c'est, si j'en crois notre nouvel ami Jean, de prendre des photos et de se dire journaliste... ;-) Ceci dit visiblement, cela marche avec certains : http://mry.blogs.com/les_instants_emery/2008/09/le-chardenoux-d.html
jp > Ouah, la honte ! Merci d'avoir relevé... Comme quoi il ne faut pas aller trop vite tout de même ! ;-)
Jean > Si tu le dis... ;-)
Rédigé par : Thierry Richard | 30 septembre 2008 à 00:15
Ca y est tu m'as conquis, j'y vais ce soir avec mon mari, on va fêter la nouvelle de jour : j'attends un p'tit gars !!!!!! J'espère ne pas être déçue.
Rédigé par : Guenot-Delmas | 18 novembre 2008 à 19:20
Bravo, Jean-Baptiste et Catherine de Mars, la table est bonne, vraiment (hélas, pas de fromage ce soir) le service chaleureux, même pour des "courageux", présidé par les près de deux mètres de JB. Petits vins bien choisis. Clientèle cool. Affaire à suivre.
Rédigé par : Caccia | 27 janvier 2009 à 23:08
L'article donne totalement envie de venir tester ce nouveau resto ! Merci beaucoup ! PS : je viens de découvrir votre blog je le mets de suite dans ma blogroll :-)
Rédigé par : 2sacsdefilles | 29 septembre 2009 à 16:38