Vous n’imaginez pas le nombre de restos minables ou tout juste passables que je visite. C’est le revers de ma médaille et il faut souffrir sans broncher, droit dans ses bottes, des serveurs approximatifs, des assiettes redoutables qui vous sautent à la gorge, des lieux improbables. Cette règle du jeu, ses statistiques et ses probabilités jouent contre nous. Alors on fait avec et on ne vous parle que du bon. Pourtant, parfois, ça démange de lâcher aussi les chiens et de vous balancer les tables poisseuses en première page.
On m’avait dit, connaissant mes lubies des automnes giboyeux, « Essaie le P’tit Bougnat dans le 17ème, très retour de chasse, l’os à moelle est là-bas plus proche du tibia de Brontosaure »… Je suis bon garçon, c’est un principe, je crois mes amis sur parole.
Patatras. En fait de relais de chasse, nous avons déjeuné dans un décor d’auberge rance, tel qu’on n’en trouve plus, même du côté de Châteauroux, le summum de notre effarement se matérialisant sous la forme d’un lustre moyenâgeux aux fausses bougies à filaments rougeoyants et d’un blaireau empaillé debout dont la fourrure n’avait sans doute pas été dépoussiérée depuis la libération.
Après une Terrine de lièvre convenablement corsée bien qu’un peu grasse et une Poêlée de cèpes sans grande vigueur ni caractère (à 15 € l’entrée, on s’attendait à mieux), arrive la raison de notre venue en ces lieux inhospitaliers, un Faisan au chou braisé, bien dans la saison de cette journée au ciel bas et froid. Amère désillusion. Un chou trop grossièrement préparé, pas assez cuit, un faisan d’arrière-garde, sec comme un inspecteur d’académie, éteint et sans voix et un Morgon massacré par un service glacé.
J’avais l’atroce sensation de me retrouver dans l’Aile ou la cuisse, en Charles Duchemin, piégé dans une gargote provinciale par de véreux restaurateurs. Ne manquait que le chef et son fusil de chasse entre nos omoplates.
Il n’est jamais arrivé mais l’addition, elle, oui. Quarante six euros par personne tout de même. Quand nous nous sommes réveillés dans le froid mordant, sur le trottoir, comme au sortir d’un mauvais rêve, nous n’avons pas demandé notre reste et regagné avec soulagement le XXIème siècle. Après un dernier regard en arrière sur le panneau annonçant « Plats de gibier à emporter ».
Non, merci, sans façon.
Le P’tit Bougnat
118, boulevard de Courcelles
75017 Paris
Téléphone : A quoi bon ?
Fermé le Dimanche
Quand c’est mauvais, c’est toujours trop cher, et là, ça l’est franchement.
Aaaaaarghhh, 15 € l'entrée !!!!!!!!!
J'ai honte, qu'est-ce que j'ai hoooooooooonte...
Rédigé par : Joufpoi | 10 novembre 2008 à 14:09
c'est rare que tu nous parles de restos que tu n'as pas aimés !
Rédigé par : Aude | 10 novembre 2008 à 16:37
Joufpoi > 15 € l'entrée pas bonne ! Il y a de quoi se mettre la tête sous terre ! ;-)
Aude > C'est juste mais parfois ça soulage. Et évite à d'autres les mêmes chausse-trappes, j'espère...
Rédigé par : Thierry Richard | 10 novembre 2008 à 17:00
vous m'avez fait rire, le gibier c'est pas évident,je suis longtemps restée sur une mauvaise impression, le faisan c'était pas mon truc jusqu'au jour ou je l'ai parfaitement maîtrisé
Rédigé par : brigitte | 10 novembre 2008 à 18:55
Nous sommes allés dîner au cul de poule samedi soir et nous avons été ravis. des plats très simples et des cuissons parfaites (enfin pour moi en tout cas) car quand on demande une viande à point, elle l'est vraiment et surtout pas trop. Et c'est rare. Quant au dessert nous avons juste pris une faisselle qui était très bonne. Avec les vins 60 euros pour le soir, ça va. Je recommande comme vous l'avez conseillé.
Bonne soirée
PS : le petit bougnat on m'en avait déjà dit du mal.
Rédigé par : louison | 10 novembre 2008 à 20:29
Brigitte > Merci !
Louison > Ravi que cela vous ait plu. Et merci d'avoir partagé ce commentaire avec tout le monde !
Rédigé par : Thierry Richard | 10 novembre 2008 à 20:41
merdum... j'aurais du te prévenir que j'avais demandé l'addition au milieu du plat...
Rédigé par : mry | 11 novembre 2008 à 11:35
Très drôle cette petite chronique. Un restaurant redoutable on dirait. La référence à Châteauroux fait peur...
Rédigé par : Nina | 11 novembre 2008 à 12:51
Bien vu, ce côté "bonus track" version bad trip(es)... Tu devrais nous offrir une chronique de ce genre de temps en temps, qu'en dis-tu ?
Rédigé par : Benoit Wagner | 11 novembre 2008 à 16:36
J'ai beaucoup aimé ta chronique : les mauvais restos à Paris sont nombreux et souvent, malgré les quelques conseils glanés à droite à gauche, on est déçu. Au moins une petite critique assassine (oui, parce que là franchement, je pense que personne parmi nous n'aura envie d'y mettre les pieds, même pas comme ça pour être sûr)permet de nous tenir à l'écart des adresses médiocres.
Rédigé par : Anne-Sophie | 11 novembre 2008 à 19:38
C'est justement très intéressant d'être avertis des tables n'ayant pas tenu leur promesses. Et je suis sur qu'on peut trouver pire comme décoration, même sans aller à Chateauroux
Rédigé par : Bôôh | 11 novembre 2008 à 21:52
je rigole!
et pourquoi ne pas donner le nom du mauvais conseil?
Rédigé par : Chrisos | 12 novembre 2008 à 14:27
Hé, c'est pas Radio-Paris non plus ! ;)
Rédigé par : Joufpoi | 13 novembre 2008 à 12:00
"Le faisan, sec comme un inspecteur d'académie". Fallait y penser, j'adore!!
Le nom du restau aurait pu être attrayant, merci de nous éviter de tomber dans le piège!!
PS:J'avais totalement approuvé ton com sur les bars, chez Deedee; Je pense comme toi!
Rédigé par : missJulie | 15 novembre 2008 à 22:56
J'ai bien aimé votre billet que je viens de lire sur rue89... Je vous trouve plein d'audaces et sûrement de discernement...ce qui est rare de nos jours...
Rédigé par : Olivier | 16 novembre 2008 à 22:59
J'ai bien aimé votre billet que je viens de lire sur rue89... Je vous trouve plein d'audaces et sûrement de discernement...ce qui est rare de nos jours...
Rédigé par : Olivier | 16 novembre 2008 à 22:59
à propos de repas détestable, quand reparle-t-on du Bistrot le Paul Bert qui hormis un dessert digne de ce nom massacre le reste allègrement?
Rédigé par : bob | 17 novembre 2008 à 13:22
Cassé, bien fait pour eux. Car tu as bien raison, quand on se moque du client il est temps de dénoncer la marque.
Ca serait même génial de pouvoir créer un espace "tous vos restos dégueus", je suis certaine qu'il y aura du monde... En tout cas, c'est sû je n'irai pas à cette adresse.
Rédigé par : Guenot-Delmas | 30 novembre 2008 à 15:06
Dans le même genre à éviter à tout prix, le Rosebud (XIVe)...
Rédigé par : xav | 30 novembre 2008 à 19:10
Merci Thierry, je comprends ton besoin de dissuader tes lecteurs de perdre leur temps et leur argent dans certaines adresses. Quand on connaît le travail fantastique de plein de gens, à des prix honnêtes, il y a un moment où on déborde, et on est obligé de parler de ceux qui abusent. J'avais ressenti la même impression quand j'ai fait mon guide, et c'est pour ça que j'avais éoruvé le besoin, au sortir d'un de ces traquenards, de créer une rubrique "A éviter". Je me suis bien gardé d'y mettre trop d'adresses, en éliminant celles qui n'étaient que médiocres. Mais les véritables scandales, une petite dizaine sur 200, soit 2,5%, ils n'y ont pas coupé. J'ai bien eu une menace de procès, mais le tenancier s'est tellement mal défendu qu'il a dû se dire que c'était trop risqué. Par contre j'ai accepté de publier un droit de réponse sur le blog.
Merci encore pour ton travail, et à bientôt!
Egmont
Rédigé par : Egmont | 01 décembre 2008 à 10:21