Chroniques du Plaisir

Camélia

C’est sans aucun doute l’une des dix plus belles terrasses de Paris, lorsque, le soir venu, les lanternes chinoises s’allument au milieu des arbustes exotiques et donnent au cœur de Paris des airs de rivages asiatiques. La baie de Hong-Kong prenant ses quartiers le long de la rue Saint-Honoré.

Il faut dire que le patio du Mandarin Oriental, dernier palace parisien en date, sait foncer droit dans le décor : sol de bois clair, petits recoins arborés, parasols et couleurs douces, un contemporain chic et étonnant. Surtout si le temps se couvre et que vous devez vous rabattre en salle, assis à l’abri de grandes écailles opalescentes et jamais vues.

Aux cuisines, c’est Thierry Marx qui dresse la carte. Et même si l’on est un peu sceptique sur les élucubrations moléculaires du chef cathodique, rien de tout cela ne se retrouve dans l’assiette, ici plutôt élégante et subtile, sans extravagance mais avec maîtrise : « Spaghettis de daurade, œuf cuit à 65°, bouillon dashi », « Longe de veau rôtie, cannellonis à la niçoise, jus à l’olive de Kalamata », « Omble chevalier à la noisette, purée de panais et livèche ». Côté desserts, le service à table est celui que vous pouvez emporter, c’est à dire une sélection de douceurs calibrées, plutôt finaudes et délicates, à l’image de ce Saint-Honoré, inévitable dans la rue du même nom, moderne et savoureux.

Un surprenant menu du déjeuner, « 45 minutes – 45 € » pourrait même aller jusqu’à rendre cette table de luxe quasi accessible si les liquides n’avaient tôt fait de faire flamber l’addition, et pas seulement au Cognac. Quant au café, il marque de ses 8 € la signature de l’esprit « palace » des lieux.

Mais avec un peu de savoir-faire – ou d’aisance matérielle – le Camélia, sera, l’espace d’un repas, le voyage immobile des parisiens de l’été. Et le Paris-Kowloon pour moins de 100 €, c’est quasiment donné, non ?

 

Camélia
Hôtel Mandarin Oriental
251 rue Saint-Honoré
75001 Paris
01 70 98 74 00

Formule déjeuner à 45 € (Entrée/Plat ou Plat/Dessert)
A la carte, comptez entre 60 € et 80 €

Ouvert tous les jours

Plus de photos du Camélia, ici.

Paris méconnu

Ecrire un livre, un guide qui plus est, c'est aussi se documenter. Et c'est en fouillant dans les tréfonds parisiens que je suis tombé sur une petite pépite d'érudition jubilatoire : le guide "Paris méconnu" des Editions Jonglez. Imaginez vous ça, amoureux de la capitale : un guide illustré de près de 600 pages, classé par arrondissement, et détaillant une masse impressionnante de lieux et de curiosités parisiennes souvent inconnues des vieux parisiens eux-mêmes.

Véritable bible d'un Paris insolite, on découvre au fil des pages des recoins secrets, des mystères surprenants, des beautés cachées. Quelques exemples entre mille : le dernier abreuvoir à chevaux de Paris, la véritable pierre tombale de Napoléon, la loge de Sarah Bernhardt au Théâtre de la Ville, la Crypte secrète de l'Eglise Saint-Joseph-Des-Carmes, l'horrible musée Dupuytren, les secrets de l'Ecole des Beaux-Arts, le Phallus géant de l'avenue Rapp, un Tintoret caché dans l'Eglise Saint-François-Xavier, le dernier taxidermiste parisien et sa boutique incroyable, un terrain de Pelote Basque au 7ème étage, etc. etc. etc.

Et, comme une petite cerise tout spécifiquement déposée pour moi sur la ganache parisienne (mon prochain livre s'appelera "Le Paris de tous les plaisirs" - et oui, c'est lui qui me tient éloigné de ces colonnes ces dernières semaines), cette mosaïque retrouvée dans une boutique de la rue Blondel, ultime vestige d'une maison close réputée...

 

L'achat indispensable pour tous les amoureux de la ville lumière.

 

 

Paris méconnu
Editions Jonglez
576 pages - 19,90 € 

C'était mon mois de Juin

Belle de Juillet : Miranda Kerr

C'était mon mois de Mai

Big Fernand

Voilà bien un an qu’elle déferle sur la capitale, en version chic, modeuse, roots, raw ou qui fume. La vague du hamburger, vous n’avez pu la rater. Car aucun doute, le petit pain - viande hachée est devenue la dernière food-folie parisienne.

Une amie américaine et gastronome (si, si) nous a donc mis sur la piste de ce Big Fernand, fast-food gavroche qui revisite le hamburger à la sauce tradi. Passons sur le côté fast-food de l’endroit (pas de réservation, commande au comptoir, ambiance un peu foutraque sur les tables…) pourtant assez joliment tourné avec son côté couloir bordé de pierres sauvages, tendance buron. Et attardons-nous sur le contenu de l’enveloppe de papier que l’on vous sert fumante et parfumée. Du pain spécialement préparé par le boulanger voisin, moelleux comme tout, de la viande hachée sur place juteuse comme on l’aime (au choix, bœuf, poulet, veau ou agneau), du fromage de nos campagnes (Saint-Nectaire, Fourme d’Ambert, Fromage à raclette, Tomme de Savoie…), quelques légumes frais et des sauces onctueuses et bien balancées. Le tout accompagné de frites (rebaptisées Fernandines) coupées maison d’excellente tenue. Entre deux bouchées, une gorgée de limonade bio au gingembre pour se remettre le gosier à zéro.

Service survolté, drôle et bien organisé par quelques jeunes hommes à casquette cultivant le look moustachu, comme descendus des « Brigades du Tigre ». Valentin, Pujol et Terrasson aux fourneaux pour une version franchouillarde et sacrément finaude du classique américain. Chapeau les gars !

Rien à redire. Notre amie avait raison, on tient là l’un des meilleurs hamburgers de Paris.

 

Big Fernand
55 rue du Faubourg Poissonnière
75009 Paris
01 47 70 54 72 

Menus entre 14 € et 18 €
Hamburger entre 11 € et 13 € 

Fermé le dimanche
Pas de réservation 

Plus de photos de Big Fernand, ici.

Belle de Juin : Alexina Graham

C'était mon mois d'Avril

Albion

Oubliez la viande bouillie à la menthe et la jelly tremblotante de vos antiques séjours linguistiques. Voilà quelques années que les britanniques se sont remis aux fourneaux avec ferveur et talent. Et les voici maintenant qui quittent les rives de la tamise pour venir taquiner de leurs chapeaux melon les assiettes parisiennes.

Dans ce domaine, Hayden Clout et Matthew Ong (ancien de Fish – La Boissonnerie) ne sont pas les plus malhabiles. Loin de là. Contrairement aux apparences, leur restaurant, si justement nommé Albion, est bien plus qu’une cave à manger (on connaît le goût anglais pour nos vignes et leur divin jus). Dans un décor mi-cave à vins des halles (casiers, bouteilles, étagères) mi-bistrot à la papa (bois sombres omniprésents), se déploie une cuisine vive, imaginative dans ses accords, assez habile pour flatter les papilles difficiles sans verser dans l’élucubration, subtile et efficace.

La carte courte sans être minimaliste balaye le registre bistrotier tendance Converse (on est dans le Xème tout de même) : « Risotto à l’encre de calmars, purée de chorizo », « Velouté de betteraves, beignet de chèvre frais », « Demi-canard fermier en deux façons, purée à l’ail et mini-poireaux », « Filet de mulet noir, légumes de printemps, bouillon safrané », « Filet de bœuf en croûte de poivron rouge épicé, crème d’épinards et émulsion de foie gras »…

Un plaisir que l’on retrouve dans la présentation des assiettes, très graphiques et colorées, tant il est vrai que l’on mange aussi avec les yeux. Ne loupez pas le Stilton, ce fromage puissant dont tout Albion s’enorgueillit (à juste titre). Côté dessert, du tradi (crumble, tarte, panna cotta…) mais avec un twist que ne renierait pas Mr Paul Smith himself, tel ce caramel aux olives noires des plus surprenants.

Et si je vous dis que, cave à vins oblige, le liquide est ici choisi avec grand soin et que l’ensemble de l’addition devrait difficilement franchir le cap des 35-40 €, vous comprendrez que plus personne dans le quartier ne songe à bouter l’anglais hors de France.

 

Albion
80, rue du Faubourg-Poissonnière
75010 Paris
01 42 46 02 44

A la carte uniquement. Comptez entre 30 € et 45 €
Fermé Dimanche et Lundi 

Plus de photos d’Albion, ici.

Belle de Mai : Sylvia Kristel