Ce n’est pas trop dans les habitudes de la maison. Chroniquer deux fois la même table, repasser les plats et remettre une n-ième fois le couvert, cela ne se fait pas. Mais on n’a pas toujours envie de suivre ses propres règles n’est-ce pas ? Surtout quand il s’agit d’un endroit comme celui-ci. Souvenez-vous, il y a quelques mois, je vous faisais partager mon enthousiasme pour Racines. Depuis je n’ai cessé d’y retourner planter mes crocs dans la chaleur humaine et les saveurs franches qui s’y déploient à longueur de temps.
La dernière visite en date, je l’ai partagée avec une belle brochette de happy few, du modeux, du cinéaste, du luxury-man, des ardissoniens, en gros une palette d’enfants gâtés... Bref, tout ce qui aurait pu ipso-facto, faire virer la soirée vers le blasé le plus rogue. Détrompez-vous, un verre de Sancerre à la main, un œil sur les tomates du jardin d’Alain Passard (oui, je préfère jardin à potager et alors ?), la contemplation des tatouages du chef (des avant-bras aussi chargés que la Chapelle Sixtine), une cuillère dans la marmite et voilà nos éperviers descendus de leur promontoire, à frétiller comme des caniches, la langue pendante et le regard brillant.
Le dîner fut parfait, l’ambiance chaleureuse à réchauffer tout un quartier, le lard de Colonnata comme un toboggan soyeux, les tomates avec un goût (de tomate) qu’on croyait disparu avec l’enfance, l’Osso-Bucco d’une candeur finaude à secouer les cloches (démesuré, mijoté à la perfection avec son accompagnement hardi de petites pommes de terre, de courgettes jaunes, de panais et de carottes rondes), la cuvée Racines 2002 d’une puissance terrienne qui vous ramène illico dans l’arène et tout et tout. Fin des hostilités passé minuit, la voix tremblante d’émotion et la mémoire immédiate retapissée de douceur et de générosité.
Racines, franchement, si vous n’y êtes jamais allé...
Racines
8, passage des Panoramas
75002 Paris
Téléphone : 01 40 13 06 41
Ouvert du lundi au vendredi, de midi à minuit
A l’ardoise, comptez entre 30 € et 40 €