Encore quelques heures et nous tournerons la page finale de 2008 pour entrer en bonne compagnie (je vous le souhaite) et sous les brumes alcoolisées (je vous le souhaite aussi) en 2009, année que l’on nous promet aussi sombre et anxiogène qu’un roman de Mary Shelley. Alors quitte à s’engager sur un chemin morose et terne, pourquoi ne pas franchir cette nuit fatidique au bras de superbes créatures ? Pourquoi ne pas abandonner, une nuit durant, la raison à nos sens ?
C’est Eric qui le premier m’a lancé sur cette piste sensuelle avec son Cabinet des Curiosités et sa semaine de la Pin-Up pour laquelle il m’avait titillé avec une simple question « la Pin-Up pour toi, c’est quoi ? »
Et je lui avais fait cette réponse :
Je n’avais pas 15 ans. Nous vivions à une époque où le sexe ne s’affichait pas encore en 4x3 aux abords du périphérique, où la pub n’avait pas encore « enlevé le bas » et où la télévision ne comptait que trois chaînes d’où tout érotisme, fût-il celui d’un genou de speakerine, était toujours exclu. Il m’avait fallu ce jour là une belle dose de courage, ou de perversion, c’est selon, pour réussir à l’attraper sur le haut du présentoir du marchand de journaux. Un léger tremblement en le déposant à la caisse et une franche émotion en l’ouvrant seul, en cachette, à la maison. LUI. Le magazine de l’homme moderne. Lui et sa pin-up du mois peinte par Aslan*. La découverte de ces femmes irréelles mais si terriblement réalistes sur le papier glacé d’un magazine interdit fut pour moi un choc. Esthétique et sensuel. La pin-up d’Aslan, finalement assez emblématique de la fin des années soixante et du début des seventies, était toujours troublante, gentiment provocante, jamais vulgaire, avec dans la pose un rien d’impertinence et de liberté crâneuse qui me fascinait. Elle fut la première et, bien des années plus tard, je crois la chercher toujours et la reconnaître parfois dans les femmes que je croise. Avec ce même bonheur d’adolescent.
Et si finalement nous faisions de 2009 une année érotique ?
Bon réveillon à tous !
* Alain Aslan a dessiné une pin-up pour le magazine Lui, tous les mois, de 1963 à 1981.