Ces nageurs-là, ce n’est pas dans le bleu des piscines municipales ou sous
le soleil doré du bord de mer que vous les rencontrerez. Ils flottent entre les
lignes, leurs lignes d’eau sont des phrases, leur liquide des mots, leur
horizon le blanc des pages. Ils sont au cœur du recueil de poèmes que Charles
Dantzig, le dandy érudit de la littérature française, vient de publier aux
Editions Grasset. Il faut une sacré dose d’inconscience sereine ou de certitude
crâne pour se jeter encore dans le grand bain de la poésie en 2010. Saluons donc
ce courage anachronique et le talent tranquille de l’auteur de « l’Encyclopédie
capricieuse du tout et du rien ». Extrait.
La plage est un écho
à l’heure où les ombres et le cœur s’allongent
dans la tristesse de n’avoir rien fait
des doigts tombés en herse d’un transat
fouillent mélancoliquement le sable
épaissi comme le remords et dans ce
sentiment aimable
l’oisif allongé lorgne les remous du
sol
où il pourrait crawler
En parallèle de ce nouvel opus, Grasset compile et réédite sous le titre
« La diva aux longs cils » un choix de poèmes tirés des ouvrages
précédents de Charles Dantzig et complété de deux séries de poèmes inédits,
« Un jour dans la vie du monde » et « Musée des yeux ».
Les nageurs
Charles Dantzig
Grasset
87 pages – 8,60 €
La diva aux longs cils
Charles Dantzig
Grasset
361 pages – 20 €