Faut-il l’avouer ? Pourquoi pas… J’espère que vous me comprendrez. Mais bon, cela ne m’arrive pourtant quasiment jamais. Oui, je sais c’est une faible excuse. Alors voilà : je me suis offert un plat de pâtes à 34 €.
Oui, vous avez bien lu, je ne suis pas le gentil garçon humble et simple que vous croyiez. J’ai craqué un billet de 34 € pour UN SIMPLE PLAT DE PATES. Enfin, je dis simple…
La première chose à savoir c’est que ces pâtes ont été préparées par Roberto Casavecchia, sans aucun doute l’un des meilleurs chefs italiens de la capitale, ancien compagnon de route d’Alain Chapel et longtemps aux commandes du Carpaccio le mythique Ristorante du Royal Monceau, avant de s’offrir finalement sa propre maison, le Caffe Ristretto.
La seconde c’est qu’en fait de pâtes, ce dont on parle ici ce sont des Tagliatelles « Maison » Scorzone Nero. Des tagliatelles (ça vous aviez compris) à la Truffe Noire Scorzone, pas de vulgaires nouilles !
La troisième c’est que ce plat est juste UN MIRACLE. Des tagliatelles fraîches donc, une l’huile d’olive extra vierge exceptionnelle (Terre Bormane, que Roberto fait venir tout exprès de San Remo), au goût brillamment corsé, tout en crescendo comme un chemin de montagne de Ligurie, des morceaux de truffe noire à profusion, et rien de plus. Cuisson impeccablement al dente, parfums puissants à faire rappliquer sous la table tous les chiens truffiers de l’hexagone, aussi sensuels et sombres qu’une Lucrèce Borgia des grands jours. Oui, oui, ce plat est un poison violent.
La quatrième, mon Dieu, je m’enfonce, c’est que j’ai accompagné la chose d’un cru maison, quasi-introuvable, un Bricco Fiore, Barbera d’Asti 2003, suivi d’un Barolo 2000 de Schiavenza. Paul Claudel recevant l’illumination derrière un pilier de Notre-Dame, ça vous dit quelque chose ? C’était moi à la première gorgée. Une révélation. D’ailleurs l’évoquer de nouveau convoque illico la salive pavlovienne, c’est dire.
Et enfin, mais ça vous le saviez déjà, la cuisine italienne me fait le même effet que la japonaise sur François Simon. Addiction. Perfusion. Bouffées en boucle d’émotions. Cette cuisine, je l’aime d’amour. Si, si.
Et vous voulez savoir le pire ? Même pas l’ombre d’un remord. D’ailleurs je crois bien que je vais retourner chez Roberto un de ces soirs. Impardonnable ? Si signore !
Et bien évidemment la photo ne peut pas rendre justice à ce plat d’anthologie. Veuillez m’en excuser. Et me croire sur parole.
Caffe Ristretto
97, rue de la Boëtie
75008 Paris
Téléphone : 01 56 43 38 38
Fermé le Samedi et le Dimanche
Compter entre 50 € et 70 €
Pasta entre 24 € et 34 €